Le Réveil de Taranis

L'armée Arverne est en ordre de bataille et cette fois tout concourt à un succés. Les nombreux petits chefs arvernes ont compris l'enjeu et semblent avoir tiré les leçons des querelles du passé; ils se sont tous réunis derrière les banières de Briceus, qui est venu en personne disposer ses troupes.

Les plus fougueux des jeunes fils de chef ont même des commandements et les  têtes blanches, les valeureux vétérans se sont effacés, avec pour certains un peu d'amertume mais conscients de leurs responsabilités...

Taranis attend et il est bougrement patient ...

Il reconnais cependant à Briceus un grand génie de stragège; alors que tous les clients de Sergius ont déjà entrepris de manoeuvrer leurs troupes, en prévision de l'affrontement inéluctable des Ides de Mars, lui, Briceus cache encore ses intentions en matière de stratégie et il pourra, ainsi, choisir son terrain et lesquels de ses fidèles il va envoyer au combat.
Cette attente devient une atout car elle laisse le clan adverse dans l'incertitude sur les forces qui vont lui être opposées.

Sergius avait acquis à sa cause un féal de Valerius le prédecesseur de Bricéus, Michelus, lequel est très sensible aux attraits du banquet du pouvoir .

Mais Michelus a perdu beaucoup de ses tenants et a écarté son lieutenant Valentinus qui commençait à lui faire de l'ombre.
Valentinus, un plébéien, n'accepte pas cet ostracisme et s'est rapproché de Briceus, emportant avec lui  bon nombre des clients les plus déterminés du clan de Michelus.... Briceus lui confiera t'il un commandement? Tous se le demandent...

Valentinus, au temps de la splendeur de Michelus, avait eu quelques querelles de fief avec Brennus, mais il se dit que devant l'enjeu des ides de mars ce ne sont plus que souvenirs de broutilles...

Les tenants et clients de Sergius s'en prennent dans leurs déclamations à Sarkosius, le grand verbroget des celtes qui a réquisitionné toutes les potions des druides pour lutter contre la grande épidémie de peste pulmonaire qui, depuis l'automne, menace l'ensemble de la Gaule.

C'est l'habitude des "socialius" du clan de Sergius de critiquer tout ce que fait le Verbroget; cela leur tient lieu de religion depuis qu'ils n'en ont plus, oublieux qu'ils sont de leur attitude lors de la grande peste sanguine qui a décimé la poplulace il y a deux décades et qui continue ses méfaits.
Si le Verbroget n'avait pris cette mesure de réquisition des potions, ils auraient, de même, crié au scandale, à l'irresponsabilité...

Sergius, lui, n'en a cure et se remet lentements des orgies traditionnelles des fêtes du solstice d'hiver et ses pensées sont bien loin des préoccupations de sa clientèle.
Il rêve à ce poste de sénateur qu'il devrait obtenir avant les ides de Mars...

Alors, les grands évènements prévus pour ces fameuses ides? Il s'en bat la toge et se promet de garder une prudente réserve pendant les mois à venir, car la partie à jouer va être serrée.

Il devra garder sa stature de chef des "socialus" pour ne pas indisposer sa clientèle, mais aussi veiller à ne pas déplaire à son ennemi Briceus qui est l'ami du Verbroget, lequel a beaucoup d'influence sur les nominations au sénat. Sergius ne s'inquiète pas trop, car il a l'habitude de ces manoeuvres d'arrière-couloirs. Il va lui falloir néammoins redoubler de prudence s'il veut rejoindre les rangs de l'Auguste Assemblée et s'éloigner de ces maudits arvernes, décidemment trop remuants, à commencer par ses proches...

En réalité la partie se joue dans un petit fief des marches arvernes, chez le sénateur Charassius, lequel a, selon la tradition celte, la plus grande et plus belle collection de cranes d'ennemis. Le renard comme l'appellent ses amis et adversaires n'a pas collectionné que les crânes, il conserve aussi copie de toutes les chartes et accords secrets qu'il a récupérés chez ses alliés ou lors des sacs de fiefs ennemis. Il est redoutable et entretient de très cordiales et profitables relations avec le Verbroget; autant dire qu'il est en bons termes avec Briceus. Le sénateur Charassius attends un nomination au conseil du Verbroget et c'est son poste de sénateur que Sergius attend, lui,  avec impatience.

Briceus, quand à lui, est en pleine forme. Ses deux lieutenants Brennus et Cendrius font un excellent travail de regroupement des différents clans arvernes et son ami et chef, le Verbroget, vient de lui renouveller son entière confiance et de l'assurer de son appui pour que les ides de Mars amènent la renaissance du pays arverne.

Bien des évènements ont eu lieu avant ce solstice d'hiver.

Brennus et Cendrus ont arpenté ensemble la cité pour haranguer le peuple coupant ainsi court à la jactance malveillante qui les disait concurrents au sein de la garde rapprochée de Briceus.

Briceus, quand à lui vole de succès en succès chez les Parisiis dont il reviendra auréolé de gloire, plus personne n'en doute, pour mener la révolte contre Sergius, à l'approche des ides de Mars.

  Pour l'instant le peuple arverne prépare activement la grande cérémonie annuelle du Gui en l'honneur du Dieu Lug bâtardisé en Mercure par l'occupant romain. La statue, gigantesque, malgré sa nouvelle appellation de Mercure était toujours honorée par druides et bardes, l'occupant l'a alors démembrée et cachée aux yeux du peuple, mais un pied d'airain vient d'être retrouvé miraculeusement par une faveur des dieux... Un signe que le renouveau celte et arverne est en marche ...

Le Devin, petit fils d'un chef de tribu local, client de Vercingétorix ést né Rome, après que son grand père eut suivi, comme otage, le grand roi gaulois et ait épousé une romaine de bonne naissance;Gladiateur au sortir de l'adolescence, il a obtenu sa liberté et c' ést un des partisans des successeurs de Pierre, les sectateurs du galiléen. Il ést revenu au pays de ses ancêtres pour y propager la doctrine de son Dieu unique. En ces temps troubles il se fait passer pour devin, ce qui ést prudent.
Le courant ést très vite passé avec la druidesse Annya, car cette dernière a besoin d'appui et la jeunesse et le mystère qui entourent le Devin l'ont séduite.. Annya a servi Valerius puis est passée au service de Briceus, mais elle craint que ce dernier ne l'associe pas aux grand évènements qui se préparent

Or Briceus fait bonne mine au Devin, eu égard aux nombreux tenants du galiléen en Arvernie... Le Devin, assuré de participer à la révolte des  prochaines ides de Mars, fait feu de tout bois et surtout de son art réputé divinatoire. Il fait courir la rumeur qu'il y a brouille entre Helvetieus le chef de la tribu des Cendrius et Brennus.
Or tout le monde sait que Brennus est Helvétius sont frêres de sang et ont, de longue date, avec l'accord de Briceus, préparé leur stratégie pour les ides de Mars ; ils seront les deux chefs de la révolte; le premier pour prendre le castrum de l'intérieur et le second pour diriger les renforts des troupes alliées..

Brenus n'est pas mécontent,  car il ne lui déplait pas que Sergius pense qu'il y a division au  sein des tenants de l'indépendance.du peuple arverne...

Taranis aime cela... !

Les forces libres se regroupent et l'adversaire somnole; la vieille légion qui avait emporté de haute lutte le castrum pour y installer le gouverneur, il y a moult lunes, n'a pas renouvelé ses troupes et a gardé les mêmes centurions et décurions, blanchis sous le harnais et rusés, mais à la tête de centuries désertées par le meilleur des troupes. Le gouverneur, vieillard chenu ne se rend pas compte qu'il n'est plus qu'entouré par une cour de vieux courtisans bien plus occupé de la solde que de la défense de la cité.

Sergius, Le Préteur qui se prend pour un pro-consul et ne rêve que d'être élevé à la dignité sénatoriale, vient de lancer une nouvelle levée d'impôts pour masquer l'incurie de son administration.

Dans le petit peuple, la grogne monte et Brennus, prenant la tête des mécontents, a promis une grande action de protestation avant le solstice d'hiver. Les jeunes hommes libres de toutes les clans commencent à se regrouper autour de lui et veulent en découdre... Attendront ils les ides de Mars, qui verront l'arrivée des renforts avec Briceus? Brennus l'espère car l'heure de l'affrontement décisif n'est pas encore venue... Pour l'heure il faut rameuter les indécis, les chefs voisins et expliquer... convaincre ... que la victoire est possible....

Sergius, Le gouverneur d' Augustonemetum a levé de nouvelles taxes pour donner encore plus de jeux à ses affidés  et masquer la situation financière catatrophique.
Les hommes libres de la province n'en peuvent plus, en appellent au Sénat et sous la houlette du légat Briceus organisent la résistance à l'oppresseur.
Briceus, qui est aussi en charge de la réorganisation de l'Empire, où l'autorité de l'Empereur est remise en cause dans bien d'autres provinces, ne peut consacrer le temps qu'il souhaiterait à cette cité arverne, dans laquelle il a de fortes attaches familiales avec les hommes libres du lignage de Vercingétorix.

En attendant son heure, Briceus a laissé à Annya, la druidesse éternelle, descendante d'Hasdrubal, le soin de veiller et prépare secrètement avec Brennus le Vellave la reprise en main  du pagus fortifié . Ce dernier aidé par son barde Eleutète ne ménage pas ses efforts pour rallier tous les vergobrets, anciens clients de Vercingétorix; on les voit souvent parmi les galates ces cousins descendants des anciens compagnons d'Alexandre le Grand, établis en nombre sur les parvis du Pagus d'Augustonemetum où ils excellent dans la préparation des rots à l'orientale dont raffolent les clients de Sergio.

C'est pourquoi Taranis est furieux car tant que Briceus ne pourra se consacrer exclusivement aux attentes de sa parentèle il sera difficile de bannir le gouverneur et la nuée des clients de ce dernier.
Or Taranis ne se complait que dans l'action et il rève du moment ou pourra se relever la grande nation arverne. et ou il pourra sonner le réveil de son frêre Teutates.

Procès en tous genres, interrogations sur la nationalité, scandales divers sur fond de crise économique dont les effets perdurent... L'empire d'Occident va mal et beaucoup misant sur une fin irréversible de civilisation donnent des coups de boutoir pour accélérer le mouvement.

En Arvernie, il en va de même que dans le reste de l'Empire; le gouverneur local , un barbare des marches de l'Est, rallié de longue date, profitant de la déliquescence ambiante a pris tous les pouvoirs et les a distribués à ses clients

Et Taranis du haut du puy de Dome se réveille et sourit... Il observe et se se demande qui il va nommer nouveau Vercingétorix du peuple Arverne